CHRONIQUES DE TOURNEE 2005

Mr le Curé très déçu lui aussi par la défaite de Paris pour les Jeux Olympiques 2012. "On se rattrapera sur les jeux cantonaux" déclare-t-il à qui veut l'entendre.

La chorale de St Fulbert vient de jouer sur le macadam de Blois la version re-re-travaillée d'Ainsi-fut-il (intégrant la blessure de Margot et une simplification de la scénographie) et celle-ci nous plait beaucoup. On y retrouve toutes nos marques et le public nous suit sans hésitation. Mention spéciale en outre à la super équipe d'accueil du festival que nous retrouvons toujours avec grand plaisir.

Chapitre 1

9&10Juil: "Ainsi fut-il" aux Zaccros de ma Rue à Nevers : un festival qui a su, en quelques années, trouver sa personnalité, ses moyens, et un public local très "zaccro" pour une programmation éclectique. On y a vu entre autres le GIGN, super efficace, et la première de la nouvelle créa des Costards, bien délirante et sympa. Quant à nous, on s'est bien amusé et on a pu vérifier que nous étions sur la bonne voie avec la nouvelle mouture du 2ème opus de la chorale.

12 Juil: "Ainsi fut-il" à St Dié des Vosges dans un cadre magnifique (l'abbatiale). Pour la première fois de la vie de la chorale, nous avons eu droit à 10mn d'entracte en plein spectacle dus à une pluie diluvienne. Tout le monde à l'abri (sauf 4 spectateurs stoïques cramponnés à leur place sous leur imper) et une reprise avec tout le monde dans la joie et la bonne humeur. Ici aussi un public local très accro à sa programmation d'été.

13 Juil: Les Graaleurs à Villiers le Bel, le 13 Juilllet. Une ville rassemblant 65 communautés avec peu de moyens mais une politique culturelle très volontariste. Nous étions en toute première partie de la soirée feu d'artifice. Une rencontre très ludique entre nos trois bidasses médiévaux et cette population pour le moins métissée. Souvenir d'une déclaration d'amour amphigourique à une jeune femme qui ne savait plus ou se mettre au milieu de sa smalah pliée de rire. Un beau numéro des Noctambulles avec un Michel Nowak qui, manifestement, se rit des années et un feu d'artifice émouvant partagé avec cette population chaleureuse.

17 Juil: "Rave Paroissiale" à Neufgrange (57). Dans une salle paroissiale plus vraie que nature, un public mélangeant d'jeuns & chenus qui n'en croit pas ses yeux. Et monsieur le maire qui vient nous féliciter dans les loges alors que nous sommes pressés pressés. Huit heures de train et deux heures de voiture dans la même journée pour 70 mn de spectacle. Le beau métier de saltimbanque: 1heure sur les planches, 10 heures sur les routes.

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

25 Août/3 sept: Cocktail déambulatoire à la Cité de l'Europe (Coquelles): c'est un énorme centre commercial destiné principalement aux anglais qui viennent se donner des impressions de duty free. Parcours fléché. Itinéraire fléché. Avec la nécessité de bien se montrer devant chacun des commerçants. Une quinzaine de comédiens s'y sont relayés à raison de 6 par jour pendant 10 jours avec un panel de déambulations dont la partie textuelle se trouva de fait bien réduite. Les centres commerciaux sont-ils des rues ? Il y a beaucoup de badauds dedans, dans ce monde un tantinet shizophrène à l'abri des aléas du temps. C'est de l'animation pure. La seule amorce artistique qu'on peut y rechercher c'est un léger décalage dans la forme et dans le fond qui se trouve avalé, forcément avalé, dans la grande machine à images. C'est un des aspects de notre profession , ni honteux, ni glorieux, une façon de gagner sa croûte en pratiquant son métier. Il y eu de bons moments, de beaux délires, et quelques maladresses aussi dues pour certains à la fatigue de la tournée et à un certain manque de souplesse assez inhérante à notre activité. Etre comédien de rue, en ce qui nous concerne, nous fait passer sans transition du feu des projecteurs à la soute. Il faut beaucoup d'humilité, beaucoup d'envie et se garder absolument une fraicheur. Un retour sur terre salutaire après les grandes envolées de la tournée d'été.
28 Août: La Ménagerie dCdC (Maisons Hantantes) au Parc d'Issy les Moulineaux: un chaud soleil, un monde fou, très familial et un enjeu de taille pour nous. Quelques problèmes sur notre logistique, notamment pour transporter les maisons, mais un moment plein de concentration et d'attention. Si sa forme parait simple, le spectacle est loin de l'être sur le fond et ça questionne forcément, même si on était juste venu passer un bon moment. Chronique plus complète sur http://www.acidu.com/2005/letrmais13.htm
3 Sept: La Chorale reprend le 9 places pour une tralée de kilomètres jusqu'à Kingersheim (haut-Rhin). Pas du tout le petit village alsacien qu'on attendait mais une bourgade de 15000 habitants avec pas mal d'immeubles et de HLM, presque une ville nouvelle, à deux pas de Mulhouse. Balance. Installation des décors. Des enfants jouent au foot à côté. L'hôtel est pourvu d'une piscine et on en profite largement avant de se rendre dans les loges, le soir venu. Une chorale et un orchestre locaux nous précèdent ainsi que quelques laïus. Nous jouons Ainsi fut-il devant un public nombreux malgré le match de l'équipe de France. Il y a une buvette à côté, qui fonctionne. On l'entend. Le public non. Et vogue l'histoire édifiante de Fulbert de Conchon comme un bateau ivre sur ce grand plateau de bois. Du mal à sentir ce public qui n'est pas des plus expensifs mais on aura de très bon retours par la suite.
Le 4 sept: toujours Kingersheim. C'est la brocante. Nous jouons la Rave Paroissiale en après-midi devant l'église, sur un petit plateau, tandis que les spectateurs sont assis sous deux rangées de tilleul. Rapport plus intime que la veille, qui nous a permis de bien délirer. Une rencontre extrêmement sympathique avec le public alsacien. Décidément, pour la chorale, à l'Est, toujours du plaisir.
4 sept encore: sur un champ près d'Egly (91) une carotte et un petit pois à taille humaine taillent des bavettes calembourbeuses avec le public de la fête de l'agriculture et du terroir en Essonne. Il y avait un concours de labour à la clef. Chaud soleil et de très chouettes complicités qui se sont instaurées entre les Grosses Légumes et le public.

Chapitre 5

* 11 sept : la Ménagerie dCdC (les Maisons Hantantes) au Plessis-Robinson. Un parc escarpé mais très séduisant. Il a fallu monter les maisons une par une. On se retrouve avec les Tréteaux, Tableaux Vivants, Edouard et Malou, Progéniture & la CIA. Le temps est gris mais point chagrins les esprits. Un public réduit tout d'abord et qui grandit vite malgré la pluie qui montre le bout de ses gouttes. On se dit qu'on va y passer et elle s'arrête juste quand on commence. Grosse jauge de nouveau et des difficultés pour voir qui vont décourager certains. Le spectacle progresse bien. Il dérange tout autant. Un homme, la soixantaine suit attentivement l’histoire de la maison rose et puis, soudain, regarde ses ongles avec grosse attention, gêné. Nous plongeons nos spectateurs dans un côté voyeur, par moment, qui ne leur est pas toujours facile. La fin est parfaite et met les pendules du sens à l’heure. D’emblée la camionnette de l‘ONG démarre, ce qui a fait croire à certains au début qu’il s’agit du même spectacle

* 16 sept: La rave Paroissiale à La Machine. Un pays de tradition minière et ouvrière au cœur de a Nièvre. D’ailleurs, le festival s’appelle Culture et Monde Ouvrier, tout un programme, très bien pensé. Il y a beaucoup d’anciens à la Machine et l’on y consulte la rubrique nécrologique un peu plus qu’ailleurs mais la culture y est vivante et vibrante. Il y a des expos, de livres et de tableaux (celle de notre copine Wally Sanetra entre autres), un méca-orgue au fond de la salle, absolument génial. Son créateur transforme des machines-outils en instruments de toutes sortes qu’il asservit ensuite à un ordinateur. Comme un gros limonaire en 8 machines avec une richesse de sons et des compositions impressionnantes. C’est très beau et ça s’écoute « religieusement ». Nous jouons dans la salle polyvalente. On n’a pas vu la première partie, écrite par notre hôte, dommage pour nous, et nous débarquons sur la scène devant environ 400 spectateurs attentifs et plutôt âgés pour la plupart avec, en prime, une brochette de notables : préfet, maire de la Machine et de Nevers entre autres, sagement assis au premier rang. On s’est bien régalés et le public aussi. On dort à l’hôtel des Mineurs, dont la patronne a vu le spectacle et le lendemain, au moment du départ, les chansons du disque sur la sono de la ville tandis qu’une spectatrice, qui nous a reconnus, repique un fou-rire aussi sec. IMAGES SUR http://harmonielamachine.chez.tiscali.fr/

* 17 sept: la Chorale à Canteleu (banlieue de Rouen) dans le cadre d'un banquet festif. En fait de banquet, il y a des tables et des chaises et les stands des assos pour s’approvisionner. Un programme en quatre tranches que nous devons suivre scrupuleusement pour qu’il n’y ait pas de télescopage dans les spectacles prévus. Nous faisons notre premier passage alors que le défilé n’est pas encore arrivé. Clin d’œil aux stands qui sont presque notre seul public. Le deuxième passage se fait sur scène et ça commence à ressembler au spectacle même si c’est pour seulement quinze minutes. Troisième passage un peu erratique et quatrième très sympa où nous faisons le plaisir de chanter les chansons presque sans chorégraphie avec un Vavavoum très groovy et pour une fois pas perturbé par l’ « accident » de Camille et une Belote très décalée. On en prolonge de plaisir. Une assistance familiale, conviviale et très sympa dont on garde un léger regret de n’avoir pas pu l’emmener dans tous les délires du spectacle. Tout ça s’est terminé par une rencontre au sommet entre le (vrai) curé de Canteleu et le (faux) nôtre sous les auspices du bedeau

* 18 sept: Les Graaleurs et les Joyes du mariage à Meaux : Meaux remonte le Temps ça s’appelle. Autour du marché couvert des échoppes de circonstances et celles des assos. Public de convaincus en fin de matinée, un public curieux, surpris et très demandeur finalement de notre mode de travail. Les troupes qui sont avec nous sont pour la plupart spécialistes du spectacle historique et fonctionnent différemment. Un bon nombre de leurs artistes viendront nous voir entre deux sets en nous félicitant après. Les Joyes font un sort au maire. Les Graaleurs donnent le ton de leur intervention en se disputant les charmes d’une jolie jouvencelle. Quatre sorties d’une demi-heure pour chacun, c’est une cote un peu mal taillée : trop de sorties pas assez longues. Mais on fait avec et il y a une telle écoute et une telle disponibilité du public, qui grossit tout au long de l’après-midi, qu’on se fait de grands moments de plaisir.

* 18 sept: Les Incisives à St Ouen pour une petite brocante qui tient plutôt du vide grenier. Une manifestation intime, conviviale : un écrin tout à fait à la mesure de nos Incisives qui, du fait d’une indisponibilité de Virginie, accueillaient en leur sein Aurélie qui s’en est sortie comme si elle n’avait fait que ça toute sa vie. Elles sont revenues ravies.

Chapitre 6

La Rave Paroissiale à St Germain les Arpajon: un petit bled de 9000 habitants tout en longueur. On s'y pointe tranquille, près de l'église et ce n'est pas la frénésie. On a le temps de se préparer, le temps de discuter dans des petites loges à la sauvage. A l'heure et après le discours d'intro nous débarquons. Il y a là une cinquantaine de personnes, de tous ages et milieux, très étalés tandis que, nous appuyant sur l'église nous commençons à chanter. Le conseil municipal est regroupé à notre droite et s'amuse bien visiblement. J'adore ces moments qui nous renvoient à une rue conviviale, pas saturée. On voit chacun de nos spectateurs, ils sont très étalés en longueur. Si l'un d'entre eux nous lâche impossible de le louper mais ça ne se passe pas, ils n'en croient leurs yeux, et le spectacle progresse tranquillement dans une ambiance de garden party. On se retrouve après pour le pot de la mairie et cette sensation amicale continue. On parle de tout de rien, des enjeux, de la difficulté à mobiliser la population sur des enjeux culturels, de l'avenir, de la région, de tout de rien et on est bien...
Les Maisons Hantantes à Nanterre. Ciel gris mais sans pluie. Vaste parc cerné d'immeubles. On est en surjauge totale. Public nombreux, familial, populaire, métissé, pas confortable mais apaisé. On a beaucoup aimé. Jouer pour ceux qui nous suivaient attentivement, ceux qui passaient, qui lorgnaient en gardant l'oeil sur les enfants. Où il est apparu que le spectacle pouvait passer tranquillement chacun y prenant ce qu'il était prêt à prendre. Notre dernière préfiguration de l'année pour ce spectacle. La fin d'un cycle et déjà un beau voyage. Compte-rendu plus développé sur : http://www.acidu.com/2005/letrmais15.htm
Jules & Verne à Aulnay: c'était du théatre de circonstances. Deux camelots entraînant les chalands en un voyage express dans des aventures plus ou moins fidèles à celles du célèbre Jules. C'était l'année Jules Verne et c'est notre première production de l'année sur ce thème. Il était temps. Un périple rapide mais gratifiant: ce goût d'aborder des thèmes différents et s'y confronter avec son savoir-faire. Pendant ce temps, Hervé faisait le capitaine Nemo à fonction animatoire, ce qui n'empêchait pas certaines vieilles dames de fondre en voyant cette incarnation de leurs rêves d'enfance.
Le Poète & les Origamines à St Ouen: c'est une nouvelle version des Origamines. Le poète qui se prend au sérieux trace son sillon de mots et veut les partager, les magnifier, mais ses esquisses, ses fantaisies, ses vélléités viennent sous forme de pliages de papier le ramener à la réalité.  Des haïkucous saugrenus, insolents qui le dégonflent allègrement. C'est une version qui vise à créer du jeu et des enjeux, et entre autres celui de pouvoir sortir du texte quant on est échassier. D'après leur retour et leurs mines réjouies, il semble que nous soyons sur une bonne piste.

Chapitre 7

1er Oct: Les Foirus au CSC des Fossé-Jean de Colombes: une petite manifestation autour du thème de la santé qui n'a malheureusement pas assemblé grand monde. On a au moins essayé de donner le sourire aux organisateurs.

le Poète & les Origamines à la Mairie d'Alfortville: autour de textes de Prévert (et d'autres de Prévost- allons-y gaiement!-) cette nouvelle formule des origamines a confirmé tout le bien qu'on pensait d'elle entre jeu, visuel et mots

2 oct : Les Cornaqueurs, la Marquise de Noutroy, les Pilleurs de Câlins, les Soldats-jouets, Dame-Jeanne & les Foirus à la Fête des Ulis: c'était un menu dégustation à l'intention des associations et de la population en vue d'une opération délicate dont on vous reparlera. Comme on dit: ça l'a fait , et bien fait.

4 oct: les Joyes du Mariage & le Coupable est l'Assassin aux Barbares de Bourgoin-Jallieu: un vrai bonheur pour ces deux spectacles qui ont montré tout leur potentiel avec, cerise sur le gateau, un public extrêmement chaleureux. Le théâtre de Proximité en fixe a-t-il un avenir ? On y croit.

14,15&16 Oct: la Chorale aux Embuscades de Cossé le Vivien: c'était le vingtième anniversaire. 20 ans de délire grace à une équipe de bénévoles incroyablement impliqués. On y a croisé des comiques très sympas et un groupe de jazz-tzigane mayennais qui nous a beaucoup plu: Bajka. On était têtes d'affiche, carrément sur les sucettes (une première). Trois jours de bonheur bien arrosé avec des rencontres, des retrouvailles et des moments dont on se souviendra longtemps. Le festival durait 20 jours; on se demande comment ils ont pu tenir. Nous, au bout de trois, on était lessivés. Quel merveilleux métier nous pratiquons!

Que ceux qui trouveraient ce compte-rendu un chouïa triomphaliste veuille bien nous excuser. On ne va pas bouder notre plaisir...

 

Jean Raoul

 

cie acidu: théâtre de rue / teatro de calle / teatro da rua / street theater